Publié dans enjeux sociaux, surabondance d'information (infobésité)

Il n’y a pas « trop » d’information : il y a trop de mauvais filtres

Le mal de l’information

On dit souvent qu’on est « bombardé » d’information, de toutes sortes. On en retrouve dans les courriels, dans les sites Web, dans les médias sociaux, comme dans les médias traditionnels : télévision, radio, journaux. Les journaux gratuits se sont d’ailleurs multipliés. Y a t-il vraiment « trop » d’information?

On parle parfois « d’infobésité » et, en lisant ce billet sur le blogue de Mac Slocum, « Don’t blame the information for your bad habits« , j’ai compris tout de suite le sens de cette expression. Ce n’est pas l’information qui est obèse : c’est nous qui consommons mal. Il y a effectivement toute sorte d’informations disponibles, des bonnes… comme des moins bonnes.

Société de l’information… ou société de consommation?

Quelqu’un qui a un surplus de poids — obèse, pour l’exemple — peut-il se plaindre qu’il y a « trop » de nourriture? Comme le suggère Clay Johnson, l’interviewé, notre problème d’infobésité est essentiellement un problème de surconsommation d’information. En tant que consommateurs d’information, nous prenons de mauvaises habitudes, et c’est ce qui nous amène à croire qu’il y a « trop d’information » à traiter.

C’est aussi ce que croit Caroline Sauvajol-Rialland, auteur du livre « Mieux s’informer pour mieux communiquer« . Selon elle, il est essentiel de savoir décrypter et sélectionner l’information, un peu de la même façon qu’on doit connaître et choisir les aliments que l’on met dans notre assiette.

Dans son livre, elle donne justement une façon de s’entraîner à mieux consommer. Il s’adresse principalement à l’employé qui utilise l’information pour prendre des décisions éclairées.

De plus, selon l’ancienne journaliste, il est essentiel de bien choisir ses sources pour réussir à mieux transmettre, à mieux communiquer cette information. Ce qui est vrai pour le journalisme et les sciences est tout aussi vrai pour le milieu des affaires.

De l’information, à la communication… à la conservation

Ce que j’apprécie de ce livre, c’est aussi son approche qui inclut à la fois l’importance de bien choisir ses sources et bien comprendre son environnement informationnel (notamment lorsque l’on fait de la veille stratégique), mais aussi ce qui advient des documents que l’on produit.

Elle n’en parle pas, mais pour moi, il y a une dimension archivistique à la conception d’un document, car lorsque la communication est claire, le document est plus facile à comprendre et à analyser, et ce, peu importe le moment où l’on consultera ce document.

En effet, si j’écris une note où j’oublie d’indiquer la date, ou si j’omets des éléments qui sont « sous-entendus », il est fort probable que seules les personnes concernées par cette communication à un moment précis pourront la comprendre.

Si ce document se retrouve dans les mains d’une autre personne, celle-ci ne comprendra pas bien ce dont il s’agit puisqu’elle ne connaît pas les éléments qui manquent. Si je suis absent et non disponible, elle ne pourra pas traiter le document.

Imaginez si ce document est « oublié » dans un tiroir et qu’on le retrouve plusieurs années plus tard. Comment fera-t-on pour établir la valeur de ce document? Devra-t-il être conservé ou jeté? Comment pourra-t-on le savoir?

Une « société des loisirs »… noyée dans sa propre information?

Une chose dont je me suis rendu compte récemment : nous sommes devenus très vulnérables à notre propre infobésité.

En effet, nous produisons beaucoup d’information nous-mêmes, et nous avons souvent très peu de moyens pour gérer cette information efficacement. Par information, j’inclus les photos que nous accumulons. Qui prend le temps de faire le ménage là-dedans?

Nous en produisons plus, donc nous avons tendance à en conserver davantage. Posons-nous la question : avons-nous vraiment besoin de toute ces informations?

Personnellement, j’ai beaucoup de difficulté à me défaire de mes archives : mes documents de projets d’affaires ou d’école, mes essais, mes documents de voyages, même les plus désuets. L’espace sur mon disque est suffisamment grand, alors pourquoi jeter?

Sommes-nous trop « dépendants » de notre propre information?

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